applaudi, imposant silence aux malheureux antiraveliens. Ça m’a brusquement ramenée à une séance au Cirque d’Hiver, où Barral m’avait emmenée jadis pour renforcer la manifestation wagnérienne ; et je ne dirai pas que cela m’a rajeunie… non, mais j’ai éprouvé une émotion pareille à celle qu’on ressent devant le portrait d’un mort…
Le jeune Rousset s’est fait faire une extraordinaire cape à collet Directoire, qu’il arrange sur son épaule de manière à cacher l’affreuse brûlure de sa joue gauche, et peut continuer ainsi à s’exhiber dans les salles de théâtre, « fier de sa beauté » comme l’Achille de l’Illiade. On le blague un brin dans son entourage. Pour moi, n’ayant jamais eu la docilité d’accepter cette théorie, inventée certainement par des hommes laids, qui consiste à décréter la beauté masculine chose inexistante ou ridicule, j’approuve Lucien de garder, à une époque fort peu plastique, l’esprit des Grecs de Léonidas, qui se bichonnaient intrépidement avant de se faire massacrer par les Perses. On répare bien une œuvre d’art abîmée ; pourquoi n’aurait-il pas raison — après avoir sacrifié une partie de son corps pour défendre sa patrie — de prendre un tel soin de l’autre, qu’elle puisse être encore une joie pour les yeux ?