Dites donc, Cardoc, je suis venue pour voir de la peinture, moi ! Avant qu’il ne fasse nuit, montrez-moi donc vos études de Senlis ; il paraît qu’elles sont très bien…
— Mon Dieu, si on veut ; mais où diable les ai-je fourrées, par exemple ? »
De son pas lent et désaccordé de boiteux, il se dirige vers une armoire qu’il ouvre. C’est un fouillis de souliers, de chemises roulées en tampons, de boîtes à cirage, de lampes et de bouteilles vides. Contre le mur, sont empilées des toiles. Il les extrait péniblement et les jette sur le plancher. J’en happe une, de petites dimensions :
« Tiens !… qu’est-ce que c’est que ce lac, avec des meubles qui nagent dessus ?…
— C’est le quartier de Javel, pendant les inondations de 1910… Oh, c’était très curieux. Je logeais par là, rue Violet ; car j’ai été expulsé de partout, moi ; du quai des Célestins en 71, par les incendies de la Commune ; du passage Duguesclin en 1900, par les travaux de l’Exposition ; de la rue de la Glacière, par les démolitions qu’on a faites à cause du métro ; et enfin de la rue Violet, par l’inondation qui a flanqué ma boîte par terre…
— Pas pendant que vous étiez dedans ?