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PÉTITION DU CLERGÉ DE L’ARABISTAN.

M. Dieulafoy et je pourrai alors faire donner des ordres plus formels par S. A. Zellè Sultan ; mais les lettres, vieilles d’un mois, que j’ai seulement pu recevoir de M. Dieulafoy ne me laissent pas d’illusion : notre ingénieur me déclarait qu’il était déjà en butte à mille vexations. Je ne sais, étant donnée la difficulté des communications entre Téhéran et Chouster, s’il aura reçu mes réponses, dans lesquelles je lui recommandais la plus grande prudence… »

Dès notre retour, les négociations furent activement reprises. La cour de Téhéran finit par autoriser la mission à séjourner encore quelques mois dans le voisinage du Gabré Danial, sous la réserve expresse que le gouvernement de la République ne demanderait ni explications ni indemnité si les agents français, comme tout semblait le faire prévoir, périssaient au cours de la prochaine campagne. En réponse à de nouvelles représentations, il fut pourtant convenu que le roi, sans assumer une responsabilité qu’il répudiait absolument, ne modifierait pas les termes des firmans octroyés l’année précédente et ne nous retirerait pas le bénéfice des recommandations officielles dont Mozaffer el Molk avait tenu le compte que l’on sait.

Encore le ministère des Beaux-Arts dut-il prendre l’engagement de rappeler la mission dans les premiers jours d’avril, afin de ménager les susceptibilités musulmanes au moment du pèlerinage annuel.

Lors de notre départ de Suse, les difficultés semblaient apaisées. Les ouvriers montraient de la déférence à ces Faranguis, tenus jadis pour les légitimes descendants de Chitan ; Cheikh Mohammed Taher nous autorisait à construire une maison sur les wakfs de Daniel et témoignait ainsi qu’il considérait la reprise des travaux comme parfaitement admissible. Dans ces conditions, mon mari avait pensé que MM. Babin et Houssay pourraient traverser les montagnes des Bakhthyaris, arriver à Suse vers la fin d’octobre, rassembler les ouvriers, diriger les premiers déblayements, tandis que, de notre côté, nous reprendrions en novembre la route du golfe Persique.

Les complications diplomatiques modifièrent ses projets. Si la mission revenait à Suse, elle devait y rentrer au complet et supporter, unie, la bonne ou la mauvaise fortune.

Un télégramme enjoignit à nos camarades de descendre au plus vite vers Bender-Bouchyr, où nous devions faire escale ; puis, comme la durée des fouilles était limitée au 1er avril, je bouclai sans délai les cantines. Nous emportions, avec nos bagages, un de ces grands engins de levage désigné dans les chantiers sous le nom de « chèvre ». Faute de cette machine puissante, il eût fallu abandonner les objets de grand poids, tels que les taureaux de pierre. Sliman était avantageusement remplacé par un charpentier militaire du port de Toulon.