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Dans la lettre qui suit, mon frère m’annonce son troisième et son quatrième roman :

« Je t’envoie deux nouveaux ouvrages, ils sont encore fort mauvais et fort peu littéraires surtout ! Tu trouveras dans l’un des deux quelques plaisanteries assez drôles et des espèces de caractères, mais un plan détestable.

Le voile ne tombe, malheureusement, qu’après l’impression, et, quant aux corrections, il n’y faut pas songer, elles coûteraient plus que le livre. Le seul mérite de ces deux romans, ma chère, est le millier de francs qu’ils me rapportent, mais la somme n’a été réglée qu’en billets à longues échéances. Seront-ils payés ?

Je commence, toutefois, à tâter et reconnaître mes forces ; sentir ce que je vaux et sacrifier la fleur de ses idées à de pareilles inepties ! Il y a de quoi pleurer !

Ah ! si j’avais ma pâtée, j’aurais bien vite ma niche et j’écrirais des livres qui resteraient peut-être !

Mes idées changent tellement que le faire changerait bientôt ! Encore quelque temps, et il y aura entre le moi d’aujourd’hui et le moi de