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le roi pour le conduire devant ses juges. Charles ier dit à Strafford qu’il lui réserve l’honneur de le conduire à l’échafaud. Adieux du roi et de la reine. (Quelle scène !) Fairfax accourt, il prévient la reine de son danger, il faut qu’elle fuie sur-le-champ, on veut la retenir prisonnière et lui faire aussi son procès.

La reine, tout à son désespoir, n’entend rien d’abord, puis elle éclate tout à coup en imprécations contre l’Angleterre : elle vivra pour la vengeance, elle lui soulèvera partout des ennemis, la France la combattra, la dominera, l’écrasera un jour.

Ce sera le feu de joie, et je te réponds que ce sera tapé de main de maître !

Puis le parterre, trompé de larmes, ira se coucher.

Aurai-je assez de talent ? Je veux que ma tragédie soit le bréviaire des peuples et des rois !

Il faut débuter par un chef-d’œuvre ou me tordre le cou !… Je te supplie, par notre amour fraternel, de ne jamais me dire : C’est bien. Ne me découvre que les fautes ; quant aux beautés, je les connais de reste.

Si quelques pensées t’arrivent chemin faisant, écris-les en marge ; laisse les jolies, il ne faut que les sublimes.