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Momus, mon bon Momus, car je me suis cru à votre dîner de réception ; tes récits sont la manne de mon désert.

Merci de vos tendresses et de vos provisions ; je t’ai reconnue dans le pot de confitures et les fleurs. »

Après bien des hésitations, c’est la tragédie de Cromwell qu’il choisit pour son œuvre de début (tragédie classique, comme on le verra ci-après)

« J’ai choisi le sujet de Cromwell, parce qu’il est le plus beau de l’histoire moderne. Depuis que j’ai soulevé et pesé ce sujet, je m’y suis jeté à corps perdu. Les idées m’accablent, mais je suis sans cesse arrêté par mon peu de génie pour la versification. Je me mangerai plus d’une fois les ongles, avant d’avoir achevé mon premier monument. Si tu connaissais les difficultés de pareilles œuvres ! LE GRAND RACINE a passé deux ans à polir Phèdre, le désespoir des poètes. Deux ans !… deux ans !… y penses-tu ?… deux ans !…

Mais qu’il m’est doux, en me consumant nuit et jour, d’associer mes travaux aux personnes qui me sont chères ! Ah ! sœur, si le ciel m’a doué de quelque talent, ma plus grande joie sera de voir