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imposant cortège le suivrait à sa dernière demeure. Ils n’auraient pas eu assez d’incrédulité à opposer à de telles prophéties, car, malgré la vivacité d’un esprit qui commençait à se faire jour, nul ne croyait encore à la haute intelligence d’Honoré ; il est vrai qu’il parlait beaucoup, s’amusait de niaiseries comme les enfants, et avait une bonhomie et parfois des naïvetés qui le faisaient souvent notre dupe. Il eût été facile néanmoins de remarquer l’attrait qu’il avait pour les gens d’esprit et pour les conversations substantielles. Il se plaisait surtout auprès d’une vieille amie de notre grand’mère, Mlle de R…, qui avait été liée intimement avec Beaumarchais, et qui demeurait dans la même maison que nous. Mon frère la faisait causer sur cet homme célèbre dont, grâce à ces détails, il connut si bien l’existence, qu’il eût pu fournir les matériaux de la belle biographie que M. de Loménie vient de publier sur lui.

Mon père voulut qu’Honoré fît son droit,