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plus qu’il ne parlait devant son père et sa mère ; ceux-ci, ne pouvant le juger en toute connaissance de cause, ne voyaient en lui, comme ses maîtres, qu'un garçon fort ordinaire qu’il fallait même stimuler pour lui faire faire ses devoirs de grec et de latin. Notre mère, qui s’occupait plus particulièrement de lui, soupçonnait si peu ce qu’était déjà son fils ainé et ce qu’il deviendrait un jour, qu’elle attribuait au hasard les réflexions et les remarques sagaces qui lui échappaient parfois. « Tu ne comprends certainement pas ce que tu dis là, Honoré, » lui disait-elle alors. Lui, pour toute réponse, souriait de ce sourire si fin, si railleur ou si bon dont il était doué. Cette protestation à la fois éloquente et muette était taxée d’outrecuidance quand ma mère l’apercevait, car Honoré, n’osant pas avoir raison avec elle, ne lui expliquait ni ses idées ni son sourire.

Les compressions qu’on exerce sur le génie, les injustices qui le froissent, les ob-