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maison, leur beau jardin, sans oublier Mouche, le gros chien de garde avec lequel il s’était lié intimement. Ce séjour à Paris servit longtemps d’aliment à son imagination.

Notre grand’mère aimait à raconter les faits et gestes de son petit-fils chez elle, et répétait volontiers cette petite scène.

Un soir qu’elle avait fait venir pour lui la lanterne magique, Honoré n’apercevant pas parmi les spectateurs son ami Mouche, se lève en criant d’un ton d’autorité : « Attendez !… » (Il se savait le maître chez son grand-père.) Il sort du salon et rentre traînant le bon chien, à qui il dit : « Assieds-toi là, Mouche, et regarde ; ça ne te coûtera rien, c’est bon papa qui paye ! »

Quelques mois après ce voyage, on changeait la veste de soie brune et la belle ceinture bleue du petit Honoré pour des vêtements de deuil. Son cher grand-père venait de mourir, frappé par une apoplexie foudroyante. Ce fut son premier chagrin ; il