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aérée et entourée de jardins. Mon père et ma mère furent si satisfaits des soins de cette femme, qu’ils me firent élever aussi par elle et lui laissèrent mon frère après son sevrage. Il avait près de quatre ans quand nous revînmes ensemble à la maison paternelle.

La belle santé d’Honoré préserva notre mère de toutes ces inquiétudes latentes qui éveillent les tendres sollicitudes et inspirent ces gâteries si chères aux enfants ; ils ne jouaient pas à cette époque le rôle important qu’on leur impose aujourd’hui dans beaucoup de familles. On ne les mettait pas en scène, on les laissait enfants et on les formait avant tout au respect et à l’obéissance envers leurs parents. Mlle Delahaye, chargée de nous, eut peut-être trop de zèle à cet endroit, car avec le respect et l’obéissance, elle nous imprimait aussi la crainte. Mon frère se souvint longtemps des petits effrois qui nous saisissaient quand elle nous conduisait le matin dire bonjour à notre mère et quand nous entrions dans son salon pour lui sou-