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CHAPITRE XII.


Effets de l’endiguement.

Il existe une propriété, commune à tous les cours d’eau divaguants, et qui résume tous les effets que peut exercer une ligne de défense établie sur l’une des deux rives d’un torrent. — La voici :

« Toutes les fois que, dans le lit d’un torrent, se présente un obstacle résistant, soit une saillie de rocher, soit une berge plus escarpée, soit enfin un ouvrage d’art, deux effets se manifestent :

» 1o Les eaux se portent vers l’obstacle et s’y établissent invariablement ;

» 2o Elles se réfléchissent ensuite, en courant vers la rive opposée. »

Voilà une double loi qui paraît être ce qu’il y a de plus constant au milieu des perpétuels caprices qui caractérisent ce genre de cours d’eau. Les rivières, les torrents fourmillent ici d’exemples pour l’appuyer.

La première propriété donne aux digues une sorte de pouvoir attractif, qui appelle le courant et le retient à leur pied. On dit ici que les torrents aiment à lécher les rochers. Il est bien entendu que cette prétendue sympathie n’est pas une explication, même quand on lui donnerait le nom scientifique d’attraction. La raison véritable de cette action est dans une propriété qui constitue elle-même un fait particulier, c’est que tout obstacle résistant, placé dans un courant, provoque un affouillement. On peut ajouter que l’affouillement sera d’autant plus profond, que le parement mouillé par les eaux sera plus vertical, il en résulte que les eaux qui