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Il est assez difficile de fixer avec précision la longueur de rive qui sera protégée par un barrage nouvellement construit. La saillie du barrage au-dessus du fond du lit, exerce un effet semblable au remous, occasionné par les barrages dans les rivières ; mais l’étendue du champ de la défense n’est pas mesurée par l’amplitude du remous : en effet, il ne suffit pas que les pentes soient simplement affaiblies pour empêcher les érosions latérales ; il faut qu’elles soient affaiblies jusqu’à une certaine limite, au-dessous de laquelle commence l’action défensive, et au-dessus de laquelle la diminution de vitesse n’est pas suffisante pour la faire naître. Or cette limite varie avec la nature des terrains.

Quand le terrain que l’on veut protéger embrasse une trop grande longueur de rive, on divise la pente par une suite de murs, échelonnés les uns au-dessus des autres[1]. Ici nous tombons dans une disposition qui a été proposée souvent comme un système de défense à suivre, pour mettre un terme aux dévastations des torrents. Nous la reprendrons plus tard, sous ce point de vue d’application générale. Pour le moment, où il ne s’agit que de défendre une portion limitée de rive, je me borne à la remarque qui suit :

La longueur de rive protégée par un barrage, décroît rapidement à mesure que la pente du lit augmente[2]. Il suit de là qu’en remontant le cours d’un torrent, comme la pente va en s’accroissant, la dépense des barrages, nécessaires pour défendre une longueur donnée de rive, s’accroît aussi. En même temps la valeur intrinsèque des propriétés diminue, parce qu’on s’élève vers des régions plus froides, plus stériles et moins habitées. Par cette double raison, on aura bientôt atteint une limite où la valeur des propriétés ne sera plus en rapport avec la dépense des nombreux barrages qu’il faudrait faire pour les protéger. Alors ce genre de défense devient complètement inapplicable, si, je le répète, on ne lui demande pas autre chose que de protéger les terres riveraines.

On n’a jamais employé ici ni les fascinages, ni les palissades clayonnées qui sont recommandées par Fabre[3], et qui paraissent convenir parfaitement à cette sorte d’ouvrages. Ce mode de construction enlèverait

  1. Ruisseau de Marigny sous les murs d’Embrun, — torrent des Graves.
  2. Voyez la note 7.
  3. No 305 et suivants.