Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE X.


Défenses usitées dans les montagnes.

Je ne parlerai que des défenses qui sont employées dans le pays.

Elles sont de deux sortes :

1o Les terrains périssant par le pied, on les défend en revêtant celui-ci de murs : on forme ainsi au bas des berges une espèce de digue longitudinale. C’est le premier genre de défense.

Il en existe peu d’exemples sur les grands torrents, probablement parce qu’il a toujours dû paraître insuffisant ; et, de fait, il n’a réussi nulle part. Les eaux, encaissées par un mur, ne pouvant plus ronger les berges, rongent avec plus d’énergie le fond. Par cette réaction, le lit se trouve attaqué, affouillé, approfondi, et le mur demeure pendu au-dessus d’un gouffre. — On peut citer, comme un exemple de cette action, un mur construit de cette manière sur la rive droite du torrent des Moufettes. Les fondations sont aujourd’hui en l’air, à 4 mètres au-dessus des eaux.

2o Le second genre de défense est beaucoup plus rationnel. Il consiste à barrer le lit par des murs de chute placés à l’aval des terrains que l’on veut protéger. Ces ouvrages réalisent à la fois deux effets, qui sont tous les deux très-favorables à la défense. D’une part, ils retiennent le fond du lit ; de l’autre, ils brisent la pente des eaux. La première action s’oppose à l’entraînement du terrain ; la seconde amortit la violence du cou-