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NOTE 17.

Moyens proposés par Fabre pour empêcher la formation des torrents.
Chap. XXXII, page 164.

Je vais transcrire textuellement son essai, pages 131 et suivantes. On jugera par là que je ne propose rien de neuf ; mais le but de mon travail n’en sera que mieux rempli.

« … Nous avons dit que la destruction des bois qui couvraient les montagnes était la première cause de la formation des torrents. Pour détruire l’effet, il faut extirper la cause. Donc, s’il reste encore de la terre végétale sur ces montagnes, le mieux serait de les laisser se boiser en laissant ces terres en friche, et, à cet effet, d’en écarter tout ce qui pourrait porter atteinte aux arbres naissants. C’est pour cette raison qu’on doit tenir la main à l’exécution la plus stricte des lois concernant la prohibition des chèvres, car on sait que la dent de cet animal est meurtrière pour les arbres naissants. Il n’est pas moins essentiel de pourvoir à la conservation des bois existants, puisque ces bois, qui ont empêché jusqu’aujourd’hui les torrents de se former, nous sont un sûr garant qu’ils en empêcheront encore la formation à l’avenir.

» Les défrichements sont la seconde cause de la formation des torrents. Il faut donc qu’après avoir été trop généralisés par les anciennes lois, ils soient réduits à leurs véritables limites. En conséquence, nous croyons qu’à cet égard on devrait se conformer à ce qui suit.

» 1o Un défrichement ne devrait jamais, sous quelque prétexte que ce fût, être permis sur le penchant d’une montagne qui aurait moins de trois de base ou d’empattement sur un de hauteur verticale.

» 2o Le défrichement pourrait être permis sous un plus grand empattement ou une moindre déclivité, mais néanmoins, avec des restrictions, d’après le mode que nous allons proposer.

» 3o Le défrichement ne devrait être autorisé que par lisières ou bandes transversales et horizontales, ou de niveau, ou du moins à peu de chose près.

» 4o Dans ce cas, les bandes défrichées seraient séparées entre elles par d’autres bandes pareillement horizontales, ou de niveau, qu’on laisserait incultes et sur lesquelles on permettrait au bois de croître.

» 5o Ces bandes incultes seraient destinées à remplacer les murs de soutènement prescrits par la loi, dont nous avons parlé au n. 145. Il paraît qu’elles ne devraient pas avoir moins de cinq toises de largeur pour pouvoir, au besoin, détruire un torrent qui se formerait sur la bande supérieure défrichée.

» 6o La largeur des bandes défrichées pourrait être de cinq toises seulement, dans le cas où l’empattement de la montagne serait de trois sur un de hauteur ; et il paraît qu’elle pourrait croître en raison inverse de cet empattement, jusqu’à ce qu’on fût arrivé à une pente qui ne laissât plus aucun sujet de craindre la formation des torrents, cas auquel cette largeur pourrait être illimitée.