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qualification de naturaliste, quand il s’agit d’un romancier transporté par sa vocation, dont le solitaire idéal est d’étreindre la réalité sensible comme on ne l’étreignit jamais, de refléter, de répercuter, de transcrire en haut relief les normales sensations ou les symboliques images de la vie, et qui n’a vraiment besoin des consignes d’aucune école pour être persuadé que toutes les couleurs sont nécessaires à l’artiste qui veut tout peindre ?

La genèse intellectuelle de Huysmans est commune à la plupart des écrivains de sa génération, plus ou moins inférieurs à lui. Si l’on veut à toute force qu’il ait eu un maître, c’est Flaubert qu’il faudrait nommer, et encore, l’hermétique Flaubert de L’Education sentimentale, celui que personne ne lit. Flaubert et Goncourt pour la langue, Baudelaire pour le spiritualisme décadent et Schopenhauer pour le pessimisme noir, telles furent les incontestables influences qui déterminèrent au début ce protagoniste du mépris. Mais Flaubert a prédominé et sa tenace obsession est visible, surtout dans En Ménage, œuvre presque réussie déjà, par laquelle Huysmans termina sa première étape d’observateur et de romancier.