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rationaliste et le délectable fruit nourricier refuse absolument d’apparaître.

Les dépendeurs d’andouilles du progrès indéfini et les rouflaquiers de la politique ne semblent pas faits pour prodiguer la consolation et leurs ressemelés boniments ne peuvent avoir, sur l’homme rare non atteint de jobardisme, qu’une action purement détersive. Aucune illusion n’est plus tenable, il faut goinfrer comme des bestiaux ou contempler la face de Dieu.

Je ne vois pas de livre contemporain qui prononce plus définitivement que celui-là, et dans une forme plus angoissante, cette alternative. Il n’y a pas une page où l’on puisse se reposer ou reprendre haleine dans un semblant de sécurité. L’auteur ne vous offre jamais de siège. Dans ce défilé kaléidoscopique de tout ce qui peut intéresser à un degré quelconque la pensée moderne, il n’est rien qui ne soit flétri, bafoué, vilipendé et maudit par ce misanthrope qui n’accepte pas que l’ignoble homme qu’il voit partout soit la vraie fin de l’homme et qui demande éperdument un Dieu. À l’exception de Pascal, personne n’avait encore exhalé d’aussi pénétrantes lamentations.

Mais encore, Pascal avait un Dieu idéal qui était, après tout, l’invisible Samaritain de sa détresse et qui pansait ses blessures. D’ailleurs, il