s’infiltra avec lenteur, durant trente, quarante ans, un peu partout, et finit par éclairer le monde vers 1850.
Les luttes que Papineau a conduites n’avaient point pour objet de flétrir des concussionnaires ni un monde pourri comme celui d’Angleterre alors, mais plutôt de convaincre nos adversaires de la justesse de nos vues en fait d’administration. Elles ne ressemblaient donc pas à la révolution qui s’élève contre l’iniquité des gouvernants et cherche à les écraser étant persuadée qu’elle ne peut les transformer pour le mieux.
Il va de soi que, après avoir combattu pendant plus de vingt ans pour obtenir une série de réformes dont la majeure partie lui avait été refusée, Papineau déposait dans sa liste de griefs — les Quatre-vingt-douze Résolutions — la substance des multiples questions soulevées au cours de ce long débat. Il pouvait compter sur l’entendement de la masse du peuple puisque toutes ces questions avaient été débattues, commentées et mises en évidence plusieurs fois dans les assemblées publiques. L’éducation des électeurs était faite sur tous ces points, éducation lente si l’on veut, mais aussi rapide au moins que celle de n’importe quel peuple au monde, car il faut bien du temps pour qu’un programme politique nouveau soit compris de la majorité des hommes.
Le sort des Canadiens français était lié aux Quatre-vingt-douze Résolutions. C’était Jules César passant le Rubicon, Fernand Cortez brûlant ses vaisseaux, enfin un ultimatum à l’Angleterre. Un refus s’opposa à ces demandes de réformes. Alors, il ne nous restait que la révolte. C’est pourquoi plusieurs députés, et bientôt tous ceux des districts de Québec et des Trois-