les respectaient. Ceci contribua beaucoup à pacifier les campagnes. Quant aux villes, elles étaient alors de simples bourgades sans importance. Plus tard, on nous adressa de Londres des fonctionnaires non instruits de leurs devoirs et préjugés comme le sont les Européens. Ils gâtèrent la situation par le déploiement d’un faux zèle britannique.
Toutes les colonies autour du globe étaient administrées de cette façon, et, comme nous l’avons dit, c’est encore la manière des puissances européennes, l’Angleterre exceptée.
Nos premiers défenseurs devant le public anglais furent ceux qui nous avaient rencontrés sur les champs de bataille et qui ensuite avaient étudié sur place nos sentiments et notre caractère. Ils se prononcèrent contre l’aveuglement du petit monde administratif du Canada qui se modelait sur celui des colonies anglaises en général, ou pour mieux dire ressemblait aux fonctionnaires de n’importe quelle colonie espagnole, hollandaise ou française. Ces derniers ont donné naissance à la révolution qui a créé les États-Unis.
Si, au lendemain de la conquête, on eût vu arriver en foule des immigrants de l’Angleterre, la situation se serait dessinée d’elle-même ; l’idée d’absorber les Canadiens et de les faire disparaître dans la masse du peuple nouveau avait, en ce cas, sa raison d’être ; mais il ne vint aucun colon, si l’on en excepte une poignée de marchands. La politique de Murray et de Carleton prescrivait sagement de s’en tenir à l’état des choses et de ne pas alarmer les Canadiens.
Nous avons tous ri de cette leçon donnée par Louis XIV aux gouverneurs du Canada en 1672 : « On m’assure que malgré cinquante ans de fréquentation