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les forges saint-maurice

l’écouta que d’une oreille distraite[1].

Le 18 août 1670, Talon, revenant de France, débarquait à Québec. Il amenait probablement le sieur de la Potardière, un expert en matière de mines, à qui l’on fit voir des échantillons que M. de Courcelle s’était procurés du voisinage de Champlain et du Cap-de-la-Madeleine. Ce fer était en sable, autrement dit en grains. Il y en avait aussi par masses, qui devait provenir du rang Saint-Félix actuel, seigneurie du Cap. La Potardière visita les lieux, puis retourna en France où il fit un rapport disant qu’il était impossible de désirer meilleur fer et en plus grande abondance. Là-dessus, Colbert écrivit à Talon (11 février 1671) se félicitant de la situation de toute l’affaire et ajoutant : « le sieur de la Potardière y retournera après avoir fait l’épreuve de la mine de fer qu’il a apportée et, lorsqu’il y sera arrivé, le soin que vous devez principalement avoir est de faire en sorte que aussitôt que cette mine sera établie, elle subsiste par elle-même. Dans les suites, si l’on trouve qu’elle soit aussi bonne que nous l’espérons, l’on pourra y faire passer des ouvriers pour la fonte des canons. » Voilà l’esprit du temps : la guerre.

Au cours des années 1671-72 on travailla aux mines en question par ordre du gouverneur de Courcelle et de l’intendant Talon. Le comte de Frontenac, qui les remplaça tous deux en septembre 1672, visita les mines et écrivit à Colbert, le 2 novembre : « Celle dont on vous a parlé est très-bonne. Je l’ai été voir moi-même pour vous en rendre un compte plus exact, et j’ai été ravi qu’on en ait découvert une autre contre celle du Cap-de-la-Madeleine, qui est beaucoup

  1. Talon comparait le fer de la rivière du Gouffre (Baie-Saint-Paul) au meilleur métal de France.

    Cette mine avait été étudiée par M. de la Tesserie.