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les forges saint-maurice

des aptitudes et des connaissances spéciales chez ceux qui s’y livraient. Arquebusiers, serruriers, forgerons, taillandiers, c’étaient là des métiers élevés par les circonstances à la hauteur d’une profession. Les taillandiers s’occupaient des outils tranchants. On n’était pas pressé de mettre de côté, hors d’usage, un instrument dont la manufacture n’existait pas dans le pays ; on le réparait jusqu’à la limite du possible. Tout de même, la matière qui entrait dans cette opération venait de France : fer, plomb, cuivre, étain. Les clous étaient confectionnés au marteau, tant bien que mal. Le charbon de bois s’obtenait facilement pour la forge. Le charbon de terre — si l’on en faisait usage — venait du Cap-Breton où il était déjà l’objet d’un certain commerce.

Voici les noms des ouvriers en fer que j’ai relevés dans les archives des Trois-Rivières autour de l’année 1660 :

Barthélemy et Christophe Croteau, Urbain Beaudry, Jérôme Langlois, Michel Moreau, Jacques Joviel, Jean Badeaux, Jacques Loiseau dit Grandinière, Michel Rochereau, Barthélemy Bertault, Jean Poisson, Louis Martin, Jean Bousquet, Jacques Ménard, Pierre Potevin, Jean Holard et Jean de Noyon, qui dessinait une clef pour sa signature.

C’est beaucoup plus qu’on ne soupçonnerait, vu que la population du gouvernement des Trois-Rivières ne dépassait pas quatre cents âmes. Il va de soi que chacun de ces hommes avait plus d’une corde à son arc et trouvait moyen d’employer son temps de diverses manières lorsque la forge chômait.

En 1668, Talon sollicitait le ministre Colbert de faire travailler aux mines qui avaient été explorées en Canada et de doter la colonie d’ateliers métallurgiques dont le service du roi avait autant besoin que les particuliers, mais on ne