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les forges saint-maurice

« Les marteaux, soufflets, des forges et de la fonderie sont mis en mouvement par la force hydraulique. Les ateliers de forge ne sont que du fer en barres et des socs de charrue. Il y a un surintendant et deux commis avec contremaître à la tête de chaque branche. Une fonderie avec grande fournaise coule les plaques de poêles, les chaudières à potasse, l’outillage de moulin, etc… J’ai vu modeler et couler des pièces avec beaucoup d’habileté. Les ouvriers sont payés selon la quantité de travail qu’ils exécutent. Les hommes se relèvent de six heures en six heures, car l’usine fonctionne jour et nuit. À la fonderie ceux qui n’alimentent pas le fourneau font des journées ordinaires. Ceux qui coulent et finissent les poêles sont occupés du soleil levant au soleil couchant, ce qui, chez ces Canadiens-français est la durée usuelle du travail journalier, année durante. On y gagne ce grand avantage de compenser en été la perte, de temps des nuits d’hiver.

« La main-d’œuvre est principalement canadienne. Quelques Anglais font des modèles et agissent comme contremaîtres ou experts ouvriers. Un grand nombre d’hommes font du charbon et le charroyent, creusent le sol pour avoir le minerai, ou conduisent les bateaux sur le Saint-Maurice jusqu’aux Trois-Rivières. Cette rivière n’est pas profonde pour les navires, on y emploie des chalands ; par endroits le courant est très fort.

« Le fer du Saint-Maurice a la renommée d’être égal, sinon supérieur, à ce que la Suède produit de mieux. Il est extrêmement malléable et ne prend guère la rouille. Les Canadiens le préfèrent à tous les autres fers. À ce propos j’ai un trait à rapporter. Les services des Forges, ceux d’à présent, au début de leur contrat, voulant activer la vente du fer en barres, achetèrent une quantité de cet article en