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les forges saint-maurice

Parlons de l’emprisonnement, d’après Laterrière d’abord, puis nous éclaircirons son histoire : « J’ignorais les manœuvres secrètes de Pélissier auprès de son ami le général Haldimand pour me faire arrêter. La principale partie du clergé était de ce complot, avec tous ceux dont l’enragé politique favorisait les idées — me taxant, quoiqu’à faux, d’avoir trahi les intérêts du roi en faveur des Bostonnais, et on ne parlait de moi au château Saint-Louis que comme d’un traître qui avait fait faire des boulets et des pétards pour briser, disait-on, les portes de la ville de Québec, l’hiver du blocus par les Américains. »

Je ne saurais voir la main de Pélissier dans cette nouvelle affaire. Les faits parlent d’eux-mêmes. Laterrière était du nombre des Français qui s’étaient montrés sympathiques à la cause des Américains et en 1779 ces étrangers redevenaient incommodes. La guerre durait encore. Haldimand décida de coffrer ces gens inquiétants. Il en avait le plein droit. Laterrière avait recueilli chez lui un soldat déserteur. Un autre homme se joignit au premier. Tous deux, se voyant en danger d’être découverts, voulurent gagner le Maine, mais on les arrêta et bientôt après Laterrière fut envoyé aux prisons de Québec, d’où il ne sortit qu’en 1782[1].

Laterrière vécut après cela comme médecin et il se distingua dans cette profession qui le mit en voie d’acheter la

  1. Si Laterrière s’est aliéné la haine de Pélissier c’est pour une question qui ne regardait pas les Forges, mais Pélissier ne l’a pas trop inquiété par la suite. De Rouville détestait aussi Laterrièqe parce que celui-ci avait mis hors des Forges son fils Voligny qui était contremaître.