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les forges saint-maurice

tout y périclita et mes espérances furent perdues. »

Ici, nous remarquons de nouveau la confusion des dates et des faits qui se produit souvent dans le récit de Laterrière. Il quitta les Forges en août 1778 et s’établit à Bécancour durant le mois d’octobre suivant. Son texte donne à entendre qu’il s’occupait des Forges même après s’être fixé sur l’île de Bécancour jusqu’en 1779, mais ceci va être expliqué en son temps.

« L’endroit (les Forges) est certainement des plus agréables, continue Laterrière. On y voyait environ cent trente maisons bien nettes, bien logeables aux ouvriers, de bons et beaux jardins et prairies, et une belle et spacieuse maison. »

En 1850, j’ai vu les Forges ainsi. Un endroit des plus sauvages du Saint-Maurice embelli par cette petite ville industrielle, aux demeures brillantes de propreté, posant leurs façades dans toutes les directions, isolées les unes des autres par des jardins potagers, des parterres, des lits de fleurs, des chemins et sentiers battus, bien aplanis, des édifices de tous genres, comme hangars, bureaux, écuries, hauts-fourneaux et la belle, imposante maison de pierre, spacieuse, placée au bord du précipice au fond duquel coule le Saint-Maurice qui forme un « rapide » superbe un peu plus bas. Traversant le village pour descendre en cascades à la rivière, on admire le gros ruisseau d’eau claire qui sert à laver la mine en passant. Ses ondes rapides m’ont souvent invité à boire et j’y ai trouvé ce goût de fer qui donne au sang des gens des Forges la vigueur, la santé, ce feu et ce dégourdi que ne possèdent pas généralement les populations de travailleurs. La démarche, la gaîeté, la prestance des femmes et des hommes de ce petit groupe de familles, l’élasticité de leurs mouvements, tout cela vient du ruisseau des Forges, de l’air de la forêt, de l’élévation des terrains.