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les forges saint-maurice

ne fait usage que du charbon de bois dur et franc ; pour les affineries, que de charbon de bois mou, comme la pruche, le tremble, etc. Une telle exploitation nécessitait l’emploi de quatre cents à huit cents personnes, tant dans les ateliers que dans les bois, les carrières, les mines, et pour les charrois : six hommes attachés aux fourneaux, deux argueurs de charbon, un fondeur, huit mouleurs et autant de servants, six hommes à chaque chaufferie, deux argueurs, quatre charrons, quatre menuisiers, seize journaliers, huit bateliers, quatre chercheurs de mine, quarante charretiers, et les autres employés aux ventes, charbon, dressage, ou comme mineurs, charbonniers, faiseurs de chemins, garde-feux, huit au moulin à scier, etc. Pour le soutien de tout ce monde, on possédait un magasin de marchandises et de provisions[1].

« Le directeur avait la vue sur tout, l’inspecteur pareillement. Celui-ci était obligé de passer, de demi-heure en demi-heure, à tous les chantiers, pour voir si tout y était dans l’ordre, et ordonner ce qui était nécessaire. Les remarques qu’il faisait étaient « journalisées » au jour et à la minute, et le teneur de livres les enregistrait dans chacun des comptes qui étaient réglés tous les mois.

« Le fourneau produisait un profit de 50 louis par jour ; chaque chaufferie cinquante louis par semaine ; la moulerie cinquante louis par coulage — en somme de dix à quinze mille louis par campagne de sept mois. Les frais en emportaient les deux tiers. C’était donc le tiers net que les intéressés avaient annuellement à partager. Ce fut l’appât d’un tel gain qui m’attira à reprendre de nouveau une part dans cette exploitation, au préjudice de mon île, jusqu’en 1779, que ne pouvant pas aller conduire les travaux moi-même,

  1. Les ventes sont les endroits dans la forêt où l’on fabrique le charbon.