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les forges saint-maurice

rôle d’ingénieur longtemps, mais à la fin, ne pouvant pas s’y entendre avec l’ingénieur en chef, il s’en fut au Congrès, qui lui paya les deux mille livres, et passa ensuite en France, à Lyon, où il avait sa famille et d’où il revint avec le général Haldimand, lorsque le général Carleton fut relevé. »

Assurément, Laterrière ne savait pas, le 7 juin 1776, que la politique de Carleton était réglée d’avance à l’égard de ceux qui avaient aidé les Américains — ce qui veut dire que ces personnes ne seraient pas inquiétées — mais, écrivant vingt-cinq ans plus tard, il pouvait affirmer que Pélissier s’était effrayé à tort. On voit, de plus, par ce que Laterrière dit dans les lignes précédentes que Pélissier travaillait résolument avec les Américains. Voyons maintenant la suite de son récit.

« Larose, habitant de Machiche, qui avait joint les Bostonnais, leur avait fourré dans la tête qu’en cernant les britanniques par l’angle des bois et les Forges, à leur insu, ils pourraient à coup sûr les détruire ou les perdre. Ils donnèrent aveuglement dans le panneau. Ce corps de 4,000 Bostonnais partit de la Pointe-du-Lac, conduit par Larose et comme assuré du succès. Le général anglais connaissait leur dessein et les attendait de pied ferme et bien retranché, surtout à la Croix-Migeon, hauteur qui commande toute la ville et ses environs. Effectivement, ils arrivèrent un matin, mal conduits et les uns après les autres, de telle façon qu’ils furent battus, tués ou pris presque tous ; il s’en sauva un certain nombre dans les bois des Forges ; plusieurs s’y perdirent et y moururent car, pendant l’été, mes chercheurs de minerai en découvrirent de petits groupes, morts et pourris. Le lendemain de cette action, Son Excellence m’envoya l’ordre de faire battre le bois par mon monde, pour les ramasser et les traiter le plus humaine-