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les forges saint-maurice

au centre de la voûte par de minces chaînes de fer. Ce sont la « demoiselle », le « gentilhomme », le « prince », et lorsqu’on les met en branle il faut voir avec quelle précision la besogne s’exécute ! Un immense « gentilhomme » s’attaque à la bouche inférieure du fourneau, l’ouvre en un clin d’œil et la matière en fusion, blanche, avec des teintes orangées, se met à descendre dans les avenues préparées pour la recevoir. L’édifice est complètement ouvert sur trois côtés ; cependant, la chaleur y est intense. Tout le monde sort jusqu’au moment de faire jouer à distance les longues grattes qui vont recouvrir la fonte déjà brunissante, car en ce moment elle n’est pas encore « gris de fer ».

À ce travail on est vite sali, surtout ceux de la forge et de la fonderie, mais le ruisseau est là et rien n’est propre comme les « gens des forges ». Les femmes ont « toutes l’air de sortir d’une boîte ». Leurs maisons reluisent. Quand à la santé générale, on peut dire que personne ne meurt aux Forges parce que l’on y boit de l’eau qui coule sur des lits de fer. Le sang est merveilleusement beau, tous les individus sont forts et souples, pleins de gaieté, aiment la vie — et fiers, ah ! très à pic sur leur dignité ! Je parle de longtemps, car dès 1850 les traditions se perdaient ; il ne doit pas en rester beaucoup aujourd’hui. Je me rappelle que M. McDougall ayant proposé de remplacer les feuilles de tôle par des cloches et des tubes acoustiques, ce fut un scandale ; on ne change pas de religion, voyez-vous ; ce qui était bon pour nos pères est bon pour nous, etc. Je suppose que le téléphone est à présent installé dans toutes les parties des usines actuelles. Les traditions ne sont plus qu’un vague souvenir et je reste peut-être le seul à les rappeler.

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Le 14 juin 1749, aux Trois-Rivières, mariage de Pierre-