Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 06, 1918.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
les forges saint-maurice

points du globe éloignés les uns des autres de plus de mille lieues.

Dans le premier établissement des forges Saint-Maurice, en 1737, le minerai se trouva en grande abondance près de la surface du sol et il ne le cédait en qualité à aucune des veines d’Europe pour la flexibilité du métal. D’abord, les différentes veines furent mises en œuvre avec très peu d’habileté, mais en 1739 on fit venir de France un artisan qui réunissait la connaissance des différentes branches de manufacture de fer fondu et travaillé à une connaissance suffisante de l’art d’exploiter les mines.

Il est connu que l’on tirait la mine à la porte même de l’établissement ; cela se pratiquait encore en 1867. De gros ruisseau qui passe en cet endroit est la décharge de savanes remplies de fer ; son eau est très claire avec un fort goût de rouille. En 1737, ce lieu était pavé de minerai de fer, comme le rang Saint-Félix l’était lors de mon séjour en 1869.

Il y a dix-huit espèces de fer. Le nôtre est « fort et mou », pouvant être battu, allongé, aplati, étendu et réduit en fils très minces sans se rompre, ce que ne possède pas le « fer fort dur ». Il est facile à travailler à froid et à chaud et convient surtout à la fabrication des objets qui exige une grande ductilité jointe à beaucoup de résistance, comme les fers et clous de cheval, les jantes et essieux de roue, le fil de fer, etc.

La mine, ai-je déjà dit, est presque à fleur de terre. On lève le gazon. Aussitôt les grains couverts de rouille apparaissent, depuis la grosseur d’un pois jusqu’à celle d’une fève, mêlés au sable à peu près par moitié. La couche varie de six à quinze pouces. Cette épaisseur est remuée à la pelle et la séparation des grains se fait au moyen d’un treillis ordinaire. On porte ensuite le minerai au lavage qui se fait dans une dalle de deux pieds de largeur formant un canal à pente