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HISTORIETTES ET FANTAISIES

pas à la loi générale. Grenon, Blondin, Montferrand, Grenache, Rouillard, et d’autres, bien connus, ont été l’épanouissement d’autant de lignées ou familles qui avant comme après eux, ne surent produire aucun type susceptible de leur être comparé. C’est une fois pour toutes — bien qu’il se présente des quasi exceptions, car il y a, d’une génération à l’autre, progression ou décadence graduées et mesurées, rarement subites. Le père d’un homme fort est plus qu’un « homme du commun », et le fils d’un être extraordinairement doué vaut presque toujours son grand’père mais pas son père.

S’il arrive parfois que, à un siècle de distance, le phénomène de la force musculaire se reproduit, c’est que, durant cette intervalle, la famille s’est retrempée à des sources favorables et que la charpente humaine, muscles, nerfs et os, a emmagasiné, pour ainsi parler, des vertus nouvelles qui, un bon jour, se concentrent dans un second individu constitué comme l’était le premier. C’est encore influence du milieu, ou des circonstances si on préfère cette expression.

Ces circonstances, cette influence, que sont-elles ? L’air, le sol, le manger, le boire, la vie que l’on mène — en un mot l’hygiène.

Pourquoi dit-on que changer d’air est toujours excellent ? Parce que l’air n’est pas le même à dix ou vingt lieues de chez nous. Les émanations de la terre varient d’une manière étonnante. L’eau qui coule partout n’est pas la même partout, il s’en faut. Un site exposé au nord nous impressionne plus ou moins qu’un autre ouvert à l’est ou au midi ou à l’ouest. Les forêts, qui se ressemblent tant, diffèrent entre elles par les essences qui les peuplent. Les cultures ont des effluves particulières à leurs espèces, et celles-ci subissent encore des modifications, suivant les sols où elles poussent.