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HOMMES FORTS

feu, et sur d’autres les boulets. Quelques gaillards voulurent s’amuser aux dépens des gens du pays. Trois ou quatre entrèrent chez Blondin, et, sans dire bonjour ni bonsoir, enfilèrent l’escalier du premier étage. Aux cris des femmes, Cadet accourut. Le premier soldat qu’il saisit passa par la fenêtre, emportant vitres et barreaux, le second de même ; les autres s’échappèrent. Ce fut le signal d’une levée de baïonnettes, pour ne pas dire de boucliers. Les militaires n’entendaient pas avoir le dessous. Cadet, voyant sa maison cernée, s’échappa et courut vers les traîneaux — suivi de toute la bande. Alors commença une scène épique — un chant d’Homère. Le Canadien empoignait les boulets, et de son bras formidable, les lançait comme eût fait un canon bien servi. Ce n’étaient point des boules de neige, bras, jambes, etc, tout se brisait au contact de ces joujous. Le quart de la troupe resta à l’hôpital. Il ne séjourna plus de « réguliers » à Yamachiche durant la guerre.

Je me demande si la force physique est héréditaire dans certaines nations, certains individus, certaines localités.

Oui et non.

Tout dépend de l’influence des milieux.

Suivant les conditions auxquelles est soumise ou se soumet une nation ou une famille, il vient un moment où cette nation, cette famille produit sa fleur. Depuis Adam c’est l’histoire des hommes. Le Canada n’échappe