Page:Sulte - Historiettes et fantaisies, 1910.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
LA BANLIEUE DE PARIS



Allant de Chaville à Meudon, je rencontrai l’un de mes amis de Montréal qui portait le ruban rouge à la boutonnière. Ceci me surpassait ; je voulus savoir la source de cette faveur gouvernementale. Tout naïvement, mon ami déclara que, sur les boulevards, il avait vu nombre de boutonnières rouges, et puisque c’était la mode il tenait à s’y conformer. J’en profitai pour instruire mon Canadien des us et coutumes, lois et amendes du bon pays de France touchant le port non autorisé des décorations.

C’est probablement le même qui passe pour avoir demandé des straps de rasoir à un boutiquier de la rue Quincampoix, ou encore qui disait à un pur Parisien :

— Me prenez-vous pour un habitant !

— Non, répondit le Parisien, on voit bien que vous êtes un étranger.



Hébert et moi nous rentrons dans la ville par la porte d’Italie, absolument comme Napoléon, le 20 mars 1815, au retour de l’île d’Elbe, et nous nous rendons à l’atelier de notre sculpteur. C’est un vaste bâtiment situé sur la pente qui domine Grenelle et le champ de Mars. Je mets mes notes en ordre, tout en examinant le dessin du monument de la reine Victoria, que vient de terminer