Je traverse Paris en long et en large, sa banlieue, ses environs, me retrouvant toujours au Canada, mais je constate que le sucre d’érable n’y est pas connu.
Cependant, écoutez ! le portier du ministère de la Justice, à Paris, est un Montréalais, et il sucre son café avec le produit de notre arbre national. Ses confrères apprécient l’arôme toute particulière de notre sucre — son goût exceptionnel — et ils s’imaginent que c’est là un secret inobtenable ; pourtant nous offrons ce secret à tout le monde.
Un restaurateur à qui je parle du sucre d’érable, finit par comprendre que c’est le produit d’une contrée lointaine, et il s’écrie :
— Je vous prenais pour un Français !
— Français je suis, mais Canadien.
— … Du pays des cannes, alors ? Cannes à sucre.
Je me suis mis à parler anglais incontinent, et je l’envoyai se faire sucre.
Faisons de nouveau le grand tour de la banlieue et, sans nous attarder nulle part, relevons les noms des localités : Gentilly, Grosbois, Lachesnaye, l’Ange-Gardien, Châteaufort, Argenteuil, Beaumont, Montesson, Beauregard, le lac Supérieur (bois de Boulogne.) Tout cela frise le Canadien.