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HISTORIETTES ET FANTAISIES


Le troisième jour, en plein midi, comme nous allions nous mettre à table, pan, pan, pan, pan !…

Ma tante et ma sœur s’évanouirent. Ma mère et mon frère poussaient des cris, tandis que mon oncle et moi nous nous précipitions dans le corridor, d’où semblaient venir les coups en question.

Rien dans le corridor. Rien à la porte que nous ouvrons toute grande. Notre bon chien Scapin, souple épagneul aux yeux intelligents, se démenait dans nos jambes comme s’il eut compris ce qui se passait, et paraissait très mal à l’aise de notre embarras. Je le caressai avec affectation, dans l’espoir que ma mère et mon frère qui nous avaient suivis, jugeraient par là que je ne faisais pas un cas majeur de ce que nous venions d’entendre. Le gentil Scapin retourna tranquillement se coucher sur la peau de mouton teinte qui lui servait de canapé au bas de la porte du salon. Déjà ma sœur et ma tante étaient revenues à elles. Nous nous retrouvions dans la salle à manger… mais pas d’appétit parmi nous, je vous l’assure !



Vous ne saurez jamais par quelles transes nous passâmes durant les quinze jours qui suivirent. Il suffit de vous mentionner, outre le va-et-vient des gens, les deux nouvelles alertes qui nous survinrent, l’une à cinq heures du matin, et l’autre vers huit heures du soir. Cette dernière eut lieu au moment où monsieur le curé était à la maison, et il put certifier avoir entendu le roulement de dix ou douze coups rapides, frappés comme avec le doigt replié dans la porte de la rue.