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L’ESPRIT FRAPPEUR

l’un de nos cousins, parti pour un voyage, avait été tué dans un accident de chemin de fer.

En comparant la date et l’heure de sa mort, nous nous aperçûmes que cela correspondait à la nuit et à l’heure où les coups mystérieux avaient frappé nos oreilles…

Le conteur, nous voyant sous l’empire d’un saissement facile à comprendre, en profita pour suspendre son récit, allumer sa pipe et tisonner un tantinet le feu de cheminée qui jetait dans la chambre des lueurs tremblottantes.



Un instant après il reprit :

Cette fois, le village entier se mêla de l’affaire. Notre demeure devint l’objet de la curiosité publique ; c’était à qui s’y montrerait le nez. On n’a pas d’idée de la multitude d’anecdotes qui courent à ce sujet sur notre compte, et sur le compte de toutes les familles où des événements de cette nature s’étaient produits autrefois, car il est bon de vous dire que j’ai toujours été étonné d’entendre, à la moindre mention d’un fait merveilleux ou tout simplement inexpliqué, nombre de personnes en citer vingt autres analogues et tous plus ou moins attachés à leur histoire intime.

Deux jours et deux nuits se passèrent sans nouvelle manifestation du phénomène.

Nous vivions en compagnie d’une vieille tante et de son frère, lesquels étaient accourus chez nous à la nouvelle de ces événements singuliers.