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L’ESPRIT FRAPPEUR



LE vieillard qui m’a raconté cette histoire est plein de vie.

Lisez, n’ayez pas peur ; ensuite, passez le livre à votre voisin.

C’est le vieillard qui parle :

Cette nuit-là, nous n’avions pu dormir dans la maison. Soit l’effet de la chaleur du poêle — dans lequel j’avais mis une bûche de forte taille sur les onze heures — soit autre chose, nous étions tous éveillés — ma mère, ma sœur, mon petit frère et moi, lorsque vers quatre heures du matin nous entendîmes une succession rapide de coups frappés comme avec le joint des doigts d’une main fermée sur les panneaux d’une porte.

Pan, pan, pan, pan, etc, etc.

— Quelqu’un frappe à la porte, dit ma mère.

Sans trop me rendre compte de ce que je faisais, je sautai à bas du lit et en moins de trente seconde j’étais dehors.

À la porte, sur le trottoir, dans la rue — personne.

Je remontai l’escalier et fit mon rapport en conséquence.

— Voilà qui est étrange, remarqua ma sœur, nous avons entendu très distinctement les mêmes coups…

Elle n’acheva pas — le frappement venait de recommencer. C’était, à ne pouvoir se tromper, dans la direction du bas de l’escalier, vers la porte qui donne sur la rue.