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DEPUIS CINQUANTE ANS

labourer la terre, puis y semer l’espoir de la prochaine récolte, c’était l’ancien système. Les machines ont modifié tout cela. L’homme est devenu le roi de la création, puisqu’il n’a qu’à ordonner pour voir le sol produire ses fruits. C’est donc une conquête de notre temps, qu’il faut enregistrer. Les premières machines à battre le grain, le couper sur pied, le ramasser, faisaient sourire des hommes que je croyais très intelligents et qui n’étaient que de vilains routiniers, comme il s’en voit encore.

La chandelle de six et la chandelle de quatre avaient du bon — mais pas autant que le gaz d’éclairage et la lumière électrique ! Nous avons appris le B A ba sous un lumignon enveloppé de suif ; nous écrivons le présent article sous les effleuves de l’astre électrique. La nuit sombre, ténébreuse, effrayante, n’existe plus, et sans faire de la nuit le jour, dans le sens des viveurs qui mangent leurs fortunes entre deux soleils, nous avons de quoi nous moquer de Louis XIV et de ses douze cents chandelles allumées à un bal de Versailles. Le roi-soleil n’avait qu’une mèche de coton pour éclairer ses fêtes.



Jadis, à la traverse des rivières, il y avait des bacs. Plus tard on inventa le horse boat. Nos ponts valent mieux que cela. Laissez-moi vous dire que dans les lettres de voyages de Mgr Plessis, qui visita la France et l’Italie en 1819, il est parlé de l’absence des ponts dans les pays qu’il parcourait ; il en rit, tout en plaignant les populations qui souffrent de ce manque de transport. Sa bonne humeur lui fait sans cesse comparer