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HISTORIETTES ET FANTAISIES

pas, sauf le demi-siècle où vous vivez. Cela vous donne le droit de vous vanter de votre importance !

Je suis très sérieux et très rieur sur ce sujet. Ce que j’ai vu me prouve la nécessité de faire des comparaisons entre les choses un peu anciennes et les nouvelles, afin de juger des perfectionnements survenus un peu partout depuis deux ou trois quarts de siècle. Va sans dire que j’incline pour les nouveautés ; il sera toujours temps de reprendre les vieilles manières, car si elles sont bonnes nous irons à elles et elles reviendront à nous.

En morale, je ne trouve rien de nouveau à signaler. Fixons plutôt nos souvenirs dans l’ordre matériel, notre monde a bien changé sous ce rapport. Il était ce qu’il n’est plus, en quelque sorte. Un élan formidable s’est produit vers l’inconnu, ce qui a disloqué le vieux mécanisme et provoqué des transformations.

Retournons à 1840, par exemple. Lisez les journaux de ce temps. Vous vous y trouverez dépaysés — je parle aux jeunes — attendu que tout roulait alors sur des affaires différentes de celles de notre situation actuelle. Celui d’entre nous qui se souvient de ces jours d’autrefois est amené à des réflexions assez curieuses ; il vit actuellement dans un monde autre que celui de sa jeunesse, un monde en apparence semblable, pas pareil — mais le même cependant. Tout change et tout se recompose avec le temps — avec peu de temps en ce siècle — c’est la raison des remarques qui vont suivre.



Couper le grain à la faucille, à la poignée, le coucher sur le champ, le ramasser en javelle avec des rateaux, le battre à grand renfort de bras ; s’épuiser la constitution à