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DEPUIS CINQUANTE ANS



IL n’est pas bon de dénigrer le passé, car ce serait de l’ingratitude. Sans le passé, ma foi, que serions-nous ? Des sauvages. Pas ne voulons être autant arriérés. Alors donc, sans mépriser les jours de nos braves ancêtres, il est permis de parler des nôtres et de les comparer un peu les uns les autres.

Le monde marche, souvent à cloche-pied, et parfois sur des échasses. Notre siècle a choisi cette dernière pratique ; pourvu qu’il ne se casse pas le nez il ira loin.

Les enfants sont les premiers à nous mettre sur la piste de la réflexion. Tout ce qui leur apparaît leur semble ancien. Nous voilà beaux, nous autres, qui croyons que tout est récent et que nous l’avons vu commencer ! C’est en écoutant les jeunes que je me suis remémoré tout ce chapitre, neuf comme la lune, où je me perds à dire que cela, et ceci et cette autre chose ne sont venus au monde qu’après ma naissance. Nos ancêtres ne se serait jamais douté de mon embarras, car les nouveautés chez eux étaient rares et bien définies.

Est-il vraiment neuf notre siècle ? Oui, puisqu’il a débuté au berceau de chacun de nous. Dites, quels sont les siècles qui vous appartiennent ? Pas un, n’est-ce