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HISTORIETTES ET FANTAISIES

Le curé de La Ripouste était absent !

Isidore finit par avoir connaissance de ce qui se passait. Il monta à cheval et courut après la noce pour arrêter la cérémonie.

Les camarades du fiancé lui télégraphièrent l’annonce du péril. Alors ce dernier, prenant un air héroïque, s’écria : « N’attendez pas. En avant ! Fuyons jusqu’à Tamponneau ! »

La caravane se remit en voitures.

Isidore suivait à franc étrier, se promettant d’arriver assez tôt pour empêcher le commencement de la consommation. Il prit un chemin de traverse et dépassa la bande.

Lorsque celle-ci monta le perron du presbytère de Tamponneau, l’affaire était dans le sac, par la vertu d’Isidore.

Le curé de Tamponneau reçut la compagnie cordialement, lut la lettre du curé des Deux-Grêves, déclara qu’elle était adressée au curé de La Ripouste, ce qui était vrai, et renvoya les fiancés dos à dos.

Le même soir, la noce rentra aux Deux-Grêves, sans tambour ni trompette.

Les amis avaient préparé des bouquets et de la musique pour recevoir les mariés. Au débotté on complimenta Gobédi sur toute la ligne. Puis les explications s’en suivirent… pas gaies du tout !

Le mot d’ordre aujourd’hui est « À quand la noce ? »

Plaignez, messieurs, mesdames,
Plaignez, charitables âmes
Plaignez deux amoureux
Qui sont bien malheureux !