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Et pourquoi ? Parce que, en apprenant cette nouvelle, Isidore alla dans la forêt, coupa un bâton raisonnable et dit à sa sœur qu’il le lui briserait sur le dos, le matin de la noce, à la porte de l’église. Pas légal le procédé, mais fraternel !

La noce n’eut pas lieu. On en parla dans la ville des Deux-Grêves !

Gobédi n’était plus à son aise, après cet échec. Les gens se moquaient de sa déconfiture. Il prit une grande résolution, il prit aussi un verre de bière et détermina Zétulbée à le suivre.

Le dimanche 30 juillet, Isidore étant dans son banc à l’église paroissiale, entendit l’annonce du mariage de sa sœur avec Gobédi. Il lui semblait que l’orgue jouait :


Nous ferons noces complètes,
Toute la ville en sera.


Sur les marches du temple on le félicita.

Mais son cœur ne parlait pas ainsi.

Sa première visite fut pour le curé, qu’il ne réussit pas à convaincre. Notre homme menaçait de sa canne tous ceux qui voudraient épouser sa sœur, à commencer par le curé.

La sœur battit en retraite, et toute la ville en fit des gorges-chaudes.

Mais le mercredi, trois voitures partirent à la fois de la place publique et se dirigèrent du côté de La Ripouste, village situé à deux lieues plus loin. Le curé des Deux-Grêves avait signé un bon billet demandant à son voisin de célébrer le mariage, pour dérouter le grand frère Isidore qui voulait commettre une esclandre et démantibuler la noce.