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s’étonner que la croyance aux songes, bien qu’appuyée sur la révélation, soit de nos jours aussi mal accueillie !

Il existe plus de choses dans le ciel et sur la terre que dans toutes les conceptions de notre philosophie, a dit Shakespeare.

Il ne manquera pas de gens qui mettront en doute la véracité du récit suivant, mais, après tout, qu’ils l’envisagent comme bon leur semble : les faits sont authentiques.


Dans le joli petit village de Waterton qui repose douillettement au milieu des champs de houblon de Kent, Angleterre ; dans le salon de l’une des plus attrayantes maisons de ce groupe de jolies maisonnettes, deux personnes se disaient adieu.

C’était le 15 décembre 1811.

À première vue, on s’apercevait que c’étaient des amoureux.

Si au lieu de raconter une simple histoire, j’écrivais un roman, il me serait facile de vous parler des aimables qualités et des grâces de la jeune fille qui est en scène, comme aussi de vous décrire les mérites du jeune homme qui va se séparer d’elle.

Leurs noms étaient Annie Lee et Charles-Edouard Howard, capitaine au 47e régiment, en partance pour le Canada, car l’attitude des Américains annonçait des hostilités prochaines.

Le capitaine aimait profondément sa fiancée, néanmoins, à son âge, l’attrait des aventures, surtout chez un militaire, adoucissait en lui l’amertume de la séparation.

Il n’en était pas ainsi de la jeune fille dont le chagrin