Le Rêve du Capitaine
OTRE époque peut se nommer à juste titre
l’âge du doute. La civilisation, avançant
toujours, s’est débarrassée de toute croyance
qui ne se base point sur des faits
patents, des choses tombant sous les sens et
démontrables géométriquement. On refuse
d’abord de croire, puis on fait une question
ouverte de l’événement et l’on n’accepte de croire après
cela que si l’on veut bien se rendre au résultat de
l’épreuve faite. On scrute avec soin, on conteste jusqu’à
la foi de nos pères ; la présente génération va plus loin : elle rejette assez souvent cette même foi, afin de ne pas avoir à s’en occuper. Ce sentiment étant devenu presque général, il s’en suit que les histoires de l’autre
monde, ou n’importe quels traits plus ou moins surnaturels
ne sont plus considérés que comme d’absurdes inventions,
et ceux qui osent élever la voix contre cette tendance universelle sont vite accablés de ridicules et de brocards.
Puisque l’on s’est mis à nier l’existence des spectres, des fantômes, des revenants de toute nature, en dépit de milliers de témoignages classiques et autres, doit-on