LES ENCANS
C’était pendant l’horreur d’un déménagement,
Mes cheveux grisonnaient devant plus d’un problème.
Faire avec un vieux meuble un neuf appartement
Est une tâche immense, absurde tout de même,
Mais j’avais entrepris de la mener à bien
Et je tirais des plans comme un bon Canadien.
LLONS ! je fais des vers — qu’on me les
pardonne — certaines choses sont si difficiles
à raconter que la prose s’y adapte mal.
Par mouvement naturel je pince la rime
et la phrase à articulation dans ces heures-là.
J’en suis sur les encans. Le mois d’avril, à
Ottawa nous en a montré de toutes les couleurs. Cela
continue au moment où j’écris, le 5 mai ; de plus les déménageurs roulent de par la ville et l’on dirait que le
bazar du Temple promène ses friperies autour de nos
poteaux de télégraphe.
Ceux qui trimballent ainsi leurs cliques et leurs claques ne sont pas au bout du plaisir après être entrés dans une maison nouvelle. On déménage, mais il faut emménager et, avant que cette deuxième opération, bien ou mal conduite, soit à moitié accomplie, des voix plaignardes s’élèvent de plusieurs points de logis :