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Il fait bon de prêter l’oreille à ces vieux refrains qui, outre leur antiquité, montrent sous un aspect aimable et généreux le caractère de nos gens.


Ô gué ! la faridondaine,
Ô gué ! Au gui, l’an neuf !
La guignolée !
La guignoloche !


Cris de joie, notes de l’espérance, souhaits de bonheur, appel à la charité, vous plairez toujours, dans quelque langue, sous quelque forme qu’on vous exprime !

Ces chanteurs, qui vont de maison en maison, revêtus d’un costume de fantaisie et débitant des couplets naïfs composés on ne sait quand, implorent la charité publique en faveur des déshérités de la fortune, de ceux qui souffrent et n’ont plus de soutiens en ce monde. Sur les traîneaux pavoisés d’étendards et de guirlandes toutes vertes, la guignolée entasse les dons abondants qui lui sont offerts et qui consolent les malheureux.


Donnez ! il vient un temps où le monde vous laisse :
Vos aumônes, là-haut, vous font une richesse.


Il y a deux et trois mille ans, les races celtiques répandues dans la Gaule et les territoires situés à l’est et au nord de la Beauce et du Perche reconnaissaient pour dieu suprême Teutatès qui présidait au commerce, à l’argent, aux choses de l’intelligence, et convoyait les âmes des trépassés dans le séjour des ombres. On l’adorait sous la forme d’un chêne. Étant aussi considéré comme l’arbitre des batailles la superstition l’invoquait sous la figure d’un javelot.