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chemin, il y avait bataille, et les vainqueurs grossissaient leurs trésors du butin des vaincus. »

C’est comme les fameuses fêtes des paroisses qu’il a fallu abolir il y a cent ans à cause des excès auxquels ces réunions donnaient lieu.

Dans la vallée de l’Ottawa nos compatriotes seraient donc plus sages que leurs devanciers de Québec ou de Montréal ? Ils ont organisé les choses d’après une constitution sévère qui ne permet ni les écarts blâmables ni les fantaisies particulières. Toutes les villes de cette région se livrent au plaisir de faire la charité le 31 décembre aux accords de l’antique chansonnette, et cela avec un décorum, une tenue sage qui n’excluent nullement la gaieté.

Ces anciennes coutumes sont toujours bonnes à conserver : si parfois elles perdent de leur charme par suite d’un abus quelconque il est facile de les ramener à l’ordre et de leur rendre le prestige disparu.

Avec ma curiosité ordinaire, j’ai voulu savoir si nos annales historiques canadiennes mentionnent la guignolée — mais je n’ai rien pu découvrir à ce sujet. Pourtant la fête existait puisqu’elle s’est perpétuée jusqu’à nous. Il en est ainsi de plusieurs coutumes dont les vieux récits ne parlent pas vu que c’était « chose entendue et comprise, » telles la tire de la Sainte-Catherine, les croquignoles, les gretons, le gâteau des rois, la bénédiction du père de famille au jour de l’an et les épluchades de blé d’Inde. En revanche il a été gardé bonne note des visites du jour de l’an, de la quête de l’Enfant Jésus, du réveillon de Noël, des promenades en carioles, des Jours Gras, de la Mi-Carême, de la plantation du mât de mai, des feux de la Saint-Jean-Baptiste et du petit poisson de Trois-Rivières.

N’allez pas croire que le sujet est épuisé. Je vous en dirai autant et du nouveau dans douze mois.