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Nous tenons des vieux Gaulois l’habitude de célébrer les journées les plus courtes et les plus longues de l’année solaire, le 1er janvier et la Saint-Jean, deux fêtes païennes que le christianisme a transformées en les épousant.

Les feux allumés par les druides à l’occasion du plus long jour de l’année s’allument envoie a présent dans les lieux d’où sont sortis, les premiers Canadiens. Lorsque nous chômons la Saint-Jean-Baptiste, il y a dans la Beauce, le Perche, la Normandie, la Lorraine, le Poitou, des Français et des Françaises qui dansent autour des grands bûchers flamboyants au milieu des campagnes.

M. Adélard Boucher, de Montréal, écrivait à M. Ernest Gagnon en 1805 : « Je suis loin d’oublier la Ignolée, qui se prononce ici, universellement, Guignolée. Malheureusement, toutes mes démarches, jusqu’à présent, n’ont abouti à rien d’utile. Tout le monde sait les premiers vers, rien de plus. L’usage a passé à Montréal comme à Québec. Jadis ce chant était suivi de quête en faveur des pauvres de la localité. Aujourd’hui les chanteurs se constituent eux-mêmes les pauvres et transforment en copieuses libations les aumônes qu’ils réussissent encore à prélever sur leurs dupes. Ce secret dévoilé a refroidi, comme vous pouvez bien le penser, les sympathies des cœurs charitables et, aujourd’hui, artistes et pauvres exploitent avec un mince succès La Guignolée. »

M. Gagnon ajoute : « Cette coutume traditionnelle de courir la Ignolée, si bien décrite par M. Taché, finit par perdre beaucoup de son caractère. Il y a une vingtaine d’années (vers 1844), le maire de Montréal donnait à des jeunes gens, la veille du jour de l’an, des permis de courir la Ignolée, sans lesquels on s’exposait à avoir affaire à la police. Cette mesure de précaution n’empêchait pas toujours les désordres. Lorsque, par exemple, deux Guignolées se rencontraient, pour peu qu’on se fut grisé en