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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Les membres du conseil législatif recevaient chacun cent louis sterling par année, savoir : Le juge en chef William Osgoode ; Jacob Mountain, évêque anglican ; Paul-Roch de Saint-Ours ; Hugh Finlay ; François Baby ; Thomas Dunn ; Jos.-Emm.-Dom. de Longueil ; Pierre Panet ; Adam Lymburner ; James McGill ; le juge en chef James Monk ; Pierre-Amable de Bonne ; John Lees ; A. Juchereau ; John Young ; et Herman Witsius Ryland, greffier, lequel touchait comme tel quatre cents louis, plus deux cents à titre de secrétaire du gouverneur, et d’autres honoraires pour un montant considérable.

La chambre, réunie le 5 mars 1800, ferma ses séances le 29 mai, après avoir délibéré sur les matières suivantes : La guerre avec la France : la loi électorale ; réforme de la magistrature ; les juges et autres fonctionnaires siégeant comme députés ; l’instruction publique ; les biens des jésuites. Les élections eurent lieu l’été de 1800, pour le troisième parlement.

En 1796, le duc de la Rochefoucauld écrivait une appréciation du clergé canadien qui, pour être sévère, ne doit pas néanmoins rester secrète. Nous avons observé que nos historiens n’osent pas toujours mettre sous les yeux de leurs lecteurs certains passages des auteurs qui parlent librement, tels que le père Le Clercq, le capitaine La Hontan, le professeur Kalm, le duc de la Rochefoucauld, sans compter la correspondance des gouverneurs et des intendants de la Nouvelle-France que l’on voudrait en partie reléguer aux limbes. La Rochefoucauld disait donc : « Les prêtres catholiques sont, en Canada, de l’espèce de nos curés de campagne, sachant tout juste lire et écrire, par conséquent très sots et très bigots. La révolution française en a envoyé d’une espèce un peu plus relevée et probablement aussi d’une disposition plus active et plus intolérante. Je ne les connais pas mais les officiers anglais sont si étonnés de voir des prêtres français avec un peu de sens qu’ils disent que ceux-là sont très éclairés (very clever)… Les prêtres sont en Canada ce qu’ils sont presque partout : intrigants, bas, adulateurs et soutiens du pouvoir arbitraire, parce qu’il peut donner au clergé et étendre son influence, et que, comme l’Église, il ne permet ni réflexion ni raisonnement… Deux seuls moines récollets[1] et un seul jésuite[2] restent des maisons nombreuses de ces ordres qui existaient lors de la conquête du Canada ; encore assure-t-on qu’un de ces récollets a été reçu à faire ses vœux[3] depuis cette époque, contre la clause du traité ; et que le jésuite seul[4] existant est plutôt un prêtre qui se dit jésuite qu’un religieux de cet ordre. Les biens appartenant aux jésuites doivent revenir après leur extinction à lord Amherst, en vertu d’une donation du roi d’Angleterre lors de la conquête, et on assure que l’in-

  1. Il y avait cinq ou six récollets : les pères Félix Berey, Claude Carpentier, Jean Demers, et le frère Alexis Demers, tous Canadiens ; plus les pères Théophile Dugast et J.-B. Pétrimoulx, originaires de France.
  2. Le père Jean-Joseph Cazot, né en France. Il avait été ordonné en 1766, et ne pouvait par conséquent être compris dans la capitulation de Montréal (1760) ni dans le traité de Paris (1763). Il vivait à Québec.
  3. Le père Théophile Dugast était arrivé de France en 1773.
  4. Le père J.-B. Well décédé à Montréal en 1791 avait été le dernier de son ordre.