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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Pierre Ménard, né à Québec en 1767 et pourvu d’une bonne instruction, se dirigea vers les Illinois (1785) et s’arrêta au poste de Vincennes fondé (1772) par Bissot de Vincennes un autre enfant de Québec. Employé d’abord à la traite, il prit un ascendant énorme sur les Sauvages, ouvrit un magasin à son compte, se lança dans de grandes affaires, conclut au nom du gouvernement américain, des traités avec les Sacs et les Renards, et donna naissance à la ville de Keokuk, sur les rives du Mississipi. Choisi (1800) l’un des trois membres de la législature de l’Indiana, il devint président du conseil législatif, se conduisit dans ces fonctions avec valeur et dignité, fut lieutenant-gouverneur, reçut Lafayette avec éclat (1824) et laissa son nom à l’un des comtés de l’Indiana.

François Ménard, frère de Pierre, partit de Québec en 1796, s’établit à Kaskakia, se familiarisa avec la navigation du Mississipi, commanda des bateaux sur ce fleuve, y gagna une célébrité de courage et d’adresse, et laissa un nom que l’on répète encore aujourd’hui avec éloge.

Hyppolite Ménard, frère de Pierre, s’adonna à la culture, aux environs de Kaskakia, y acquit de l’aisance, devint représentant du peuple et vécut honoré de ses concitoyens.

Jean-Baptiste-Louis Roy se signala par son courage et son dévouement filial, à l’attaque de la Côte-sans-Dessein par les Sauvages, en 1814. Ce lieu est sur le Missouri. L’héroïque défense de ce poste est devenue légendaire dans l’Ouest. Roy fut récompensé de sa belle conduite par un fusil d’honneur que lui présentèrent les jeunes gens de Saint-Louis.

Antoine Leclerc, habitant de Peoria en 1809, se fit nommer interprète de langues sauvages par le gouvernement des États-Unis, prit part à des traités importants, se distingua dans la guerre, acquit de vastes terrains, fonda la ville de Davenport, et, comme plusieurs Canadiens qui ont donné naissance à des cités florissantes de l’ouest, vécut respecté et influent au milieu des luttes de parti et des crises commerciales.

Jean-Baptiste Beaubien, dont la famille était au nombre des fondateurs du Détroit, prit part à la guerre de 1812, fit la traite, s’enrichit, fut, avec ses frères, des premiers colons de Chicago, acquit dans cette ville des terrains qui feraient la fortune d’un nabab, puis ayant tout perdu, s’en alla mourir dans le Bas-Canada, laissant une nombreuse famille, active, respectée et fière de ses traditions.

Michel Branamour Ménard, né à Laprairie en 1805, neveu du colonel Pierre Ménard, lieutenant-gouverneur de l’Illinois (1824) fit la traite à Kaskakia, devint chef des Chânis, fut sur le point de former une confédération de cent mille Sauvages des plaines qui reconnaissaient sa valeur et son adresse et vers 1833, émigra au Texas, se jetta dans un mouvement insurrectionnel contre le gouvernement mexicain, dissuada les Sauvages de se prononcer en faveur du Mexique, combattit comme un lion aux frontières et après la déclaration d’indépendance, forma partie de la convention nationale (1836). Il acheta alors des terrains sur lesquels s’élevèrent bientôt les premières maison de Galveston, capitale de l’État. Comme Juneau, Guérin et plusieurs autres de nos compatriotes, Ménard avait le coup d’œil des fondateurs de grandes villes. En 1838, il représenta le comté de Galvesten et se signala par la passation de lois sur les finances qui eurent les plus heureux résultats. Son esprit, sa