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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

merce de fourrures, ouvrit une école élémentaire, parcourut le Mississipi, combattit en 1812 pour la cause anglaise, devint juge en chef du comté de Brown, et se trouva (vers 1820) l’homme le plus considérable du territoire de la baie Verte. Il laissa un nom intact et une mémoire respectée.

Jean-Baptiste Faribault, l’un des amis de jeunesse du héros de Châteauguay, partit pour le nord-ouest en 1796, voyagea beaucoup, s’établit marchand à l’entrée de la rivière Kankaki, fréquenta les Sioux, puis se fixa à la Prairie-du-Chien où il se mit en rapport avec Julien Dubuque. Ruiné par la guerre de 1812, il refit sa fortune, devint agent de la compagnie Astor, ouvrit des cultures, se fit aimer des tribus des prairies, fonda Faribautville et maintint sa réputation et sa popularité jusqu’à sa mort après avoir mené dans l’ouest une vie très agitée durant quarante ans.

Salomon Juneau, établi sur les bords de la rivière Milwaukee (1818) à l’endroit où se trouve de nos jours l’un des plus beaux édifices de la ville superbe de Milwaukee. Il eut la gloire de combattre les bêtes fauves qui lui disputaient le terrain et il mourut après avoir été premier magistrat de la grande ville qu’il avait fondée. Cet homme extraordinaire suffirait seul à attester de la valeur de nos compatriotes dans l’ouest, si nous n’avions à mettre en ligne vingt autres caractères aussi nobles, aussi glorieux que le sien.

Joseph Rolette né à Québec en 1781, fut instruit au séminaire de cette ville et voulut d’abord se faire marin. Vers 1806, il se rendit au Détroit, puis à la Prairie-du-Chien, sur le Mississipi, où il s’occupa de la traite. À la guerre de 1812, il se rangea du côté de l’Angleterre, comme la plupart des Canadiens de l’Ouest, reçut un grade dans la milice, servit à Michillimakinac, retourna vivre dans ce lieu après 1815 mais y fut persécuté par les Américains, fit la lutte politique avec courage, reprit sa position, devint agent général de la compagnie Astor, commanda en quelque sorte la contrée dans laquelle il opérait, encouragea l’agriculture, vendit du blé jusqu’à la rivière Rouge du nord, et ne voulant pas être le second dans Rome, dit M. Tassé, se fit le premier personnage de son district.

Jean-Baptiste Mallet, né à Michillimakinac, se fit coureur de bois dès sa première jeunesse, puis résolut de se fixer sur les bords du Mississipi où il fonda Péoria, en 1778, en compagnie d’une cinquantaine de Canadiens. À peine établi, il leva un corps de volontaires et, à la tête de ceux-ci, s’empara du fort Saint-Joseph, à l’est du lac Michigan, pour se venger de certains actes d’hostilité de la part des Anglais. Ducharme et Mallet étaient des chefs de bandes qu’il ne faisait pas bon de mécontenter. Peoria, ou la ville à Mallet eut des commencements difficiles, on y faisait la guerre, sans s’occuper de ce qu’en pensaient les rois de l’Europe. En 1812, la colonie fut dispersée par les Américains, mais déjà Mallet avait péri dans un combat laissant à ses fils le soin de continuer sa tradition, ce à quoi ils ne manquèrent pas.

Julien Dubuque, fixé à la Prairie-du-Chien en 1780, exerçait un prestige étonnant sur les Sauvages de ces contrées et se fit accorder d’immenses concessions de terres où il exploita des mines de cuivre sur un grand pied. Son souvenir est encore vivant sur les bords du Mississipi, et de nombreuses familles se disputent sa riche succession.