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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Quelques uns des types décrits par M. Joseph Tassé, dans son beau livre : Les Canadiens de l’Ouest, méritent une mention dans notre travail, mais le lecteur devra toujours recourir, pour plus ample information, à la source où nous puisons nous-même. M. Tassé explore un champ plein d’intérêt et nous fournit une lecture que l’on n’oublie point après l’avoir faite.

Charles-Michel de Langlade était arrière-petit-fils de Pierre Mouet de Moras, officier au régiment de Carignan, établi (1668) aux Trois-Rivières. Il naquit à Michillimakinac (1729) suivit sa famille qui alla se fixer à la baie Verte du lac Michigan, en 1745. Ses aventures parmi les Sauvages rempliraient un volume. À l’époque de la guerre de sept ans, il commanda un parti des « nations » et déploya une intelligence militaire remarquable. On ne peut contester que si Montcalm eut écouté ses conseils, le combat de Montmorency devenait un désastre complet pour l’armée de Wolfe et que, peu après, aux plaines d’Abraham, il indiqua nettement ce qu’il y avait à faire pour repousser les Anglais. On le revoit à chaque phase de la guerre de sept ans, toujours plein d’ardeur et rendant des services signalés. En 1763, lors du siège du Détroit il fut encore utile par ses conseils et ses actions. Lui et son père continuèrent après cela à faire la traite des fourrures à la baie Verte. Lorsque la guerre de la révolution américaine éclata, Langlade repris le mousquet à la tête des Sauvages, pour le compte des Anglais et se montra digne de son passé. Devenu agent des Sauvages, il conserva cette charge jusqu’à sa mort, au mois de janvier 1800. Les Américains le nomment : le père du Wisconsin.

Jean-Baptiste Cadot, chef de poste, ou gouverneur, comme on disait, au sault Sainte-Marie, le dernier des commandants français qui amena son pavillon après le traité de 1763, groupa définitivement un certain nombre de ses compatriotes dans le lieu qu’il habitait, commerça avec les Sauvages, étendit ses opérations jusqu’à la Saskachewan et fit voir aux Anglais que, malgré la conquête, il fallait compter avec nos gens partout dans l’ouest.

Un descendant de Nicolas Perrot, nommé Jean-Baptiste Perrault, partit pour l’ouest, en 1783, après avoir fait son éducation au petit séminaire de Québec. Comme son père il était commerçant, et durant une soixantaine d’années il parcourut de vastes régions désertes, gagnant beaucoup d’argent, perdant ce qu’il avait amassé et se remettant à faire fortune sans jamais se décourager. Il a écrit ses souvenirs.

Charles Réaume, pourvu d’une bonne instruction, visita l’ouest, revint à Montréal, servit la cause anglaise durant l’invasion de 1775, alla se fixer à la baie Verte (1790) y fit le commerce des fourrures, se fit nommer capitaine des Sauvages, parcourut de vastes territoires, retourna à la baie, y prit la charge de juge, redevint traiteur, se créa un nom légendaire dans l’ouest et mourut sans amasser de fortune, après avoir gagné et dépensé beaucoup d’argent.

Jacques Porlier, jeune homme de talent, doué d’une instruction solide, était en 1791, lieutenant de milice à Montréal ; il émigra cette année à la baie Verte, s’adonna au com-