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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

garde-magasin à Québec en 1737, obtint, cette année une seigneurie au lac Champlain et fut envoyé, en 1742, pour rétablir le fort Niagara. Son frère Étienne, entra au service militaire à l’âge de vingt ans à peu près, devint lieutenant en 1745, prit part à la bataille de Monongahéla, servit dans le corps des ingénieurs et mourut le 25 novembre 1760. Le fils de celui-ci était enseigne en 1761 ; il revint de France en 1763 ; plus tard s’enrôla pour repousser l’invasion américaine et fut amené prisonnier de guerre à Albany (1776). De son mariage avec Louise-Charlotte Bailly de Messein il eut un fils, Étienne que nous trouvons dans les troupes du Canada en 1797.

Jacrau de Piedmont, enseigne aux canonniers-bombardiers de l’île Royale (1748) puis enseigne au Canada (1750) avait été fait lieutenant de la même compagnie en 1753, capitaine en 1759 ; il se trouva à la bataille des plaines d’Abraham ; ce fut lui qui, avec le major de Joannès, insista auprès de M. de Ramesay pour que l’armée française abandonnât la basseville de Québec après la défaite de Montcalm, au lieu de capituler précipitamment. Il fut nommé chevalier de Saint-Louis en 1760. François, son petit-fils, épousa Thérèse de Montizambert, et prit du service dans les Royaux Canadiens.

Louis Fromenteau de la Boucherie, fils, aide-major de milice de la ville de Québec en 1797, était descendant d’un officier d’artillerie employé en 1757 aux fortifications de Québec et plus tard (1761) à l’île Royale.

Jean-Baptiste Bouchette, surnommé la Tourte, à cause de la célérité de ses voyages, commandait un brigantin sur le fleuve, l’automne de 1775, lorsque le général Carleton, obligé de fuir Montréal tombé au pouvoir des Américains, s’offrit pour conduire ce gouverneur à Québec en passant à travers les patrouilles de l’ennemi. Parvenu dans la capitale, après avoir couru plusieurs fois le danger d’être capturé, Carleton amena son sauveur au château Saint-Louis, le remercia en présence de ses conseillers et des citoyens réunis — et de ce jour la fortune de l’humble capitaine de goëlette fut assurée. Le gouvernement ayant établi un dépôt de marine sur les lacs, M. Bouchette fut nommé, vers 1784, à l’un des principaux commandements et fixa sa résidence à Kingston. Il accompagna le duc de Kent aux chutes de Niagara en 1793. La Rochefoucauld écrivait, en 1795 : « Le capitaine Bouchette, commodore de la marine du lac Ontario est à la tête de tout l’établissement naval du lac, mais sans rien ordonner pour les dépenses. C’est un homme en qui lord Dorchester et le gouverneur Simcoe ont une grande confiance. Canadien d’extraction, resté au service de l’Angleterre quand le Canada a passé sous sa domination, c’est lui qui, dans le moment où Arnold et Montgomery assiégeaient Québec, (1775) y a fit entrer, sur son bateau, lord Dorchester déguisé en Canadien ; il a, dans cette occasion, donné une grande preuve d’activité, d’audace et de courage ; on ne peut s’étonner que lord Dorchester n’ait pas oublié ce service signalé. Ses manières sont celles d’un homme incorruptible et d’un officier facile pour ses subalternes… Le commodore Bouchette est un des plus grands détracteurs du projet de faire de Yorck (Toronto) le centre de la marine du lac, mais il a sa famille et ses terres, à Kingston ; de pareilles raisons sont assez communément influentes pour déterminer les opinions publiques. » Il mourut dans ce poste en 1802. Son fils Joseph, né le 14 mai 1774, instruit en